Quand l’art rencontre la romance…

Pour la journée mondiale de l’art, j’ai eu envie de vous faire un petit cadeau à ma façon… Il s’agit d’une scène coupée du tome 2 de ma trilogie Mad About You, où l’on retrouve mon héroïne Mina en compagnie de Mark Sonderberg, un artiste mondialement connu dont elle partage la vie.

Dans ce passage, on comprend que Mina et Mark viennent de se réconcilier, après quinze jours de séparation. Mina est stressée par ses prochains examens (elle a en effet redoublé son année à l’École du Louvre) et Mark décide de la faire réviser… à sa façon ! Excellente lecture à tous !

Je me réveille et m’étire longuement, avant de me tourner vers Mark et de me pelotonner entre ses bras.

– Tu dors ? je chuchote.

– Non. Tu ronfles trop.

Je lui donne un coup de pied et il rit tout bas. Puis du bout de l’ongle je caresse son téton, juste pour le plaisir de le voir durcir.

– Humm… grogne-t-il en m’embrassant.

– Ils sont très érectiles, tes tétons… Ça doit être ton côté féminin.

– Je t’emmerde, marmonne-t-il en me serrant encore plus contre lui.

Il tressaille lorsque je mordille son cou, puis rouvre les yeux, étonné que je cesse soudain de jouer avec lui.

– C’est pas tout ça mais je vais devoir y aller, moi ! J’ai cours et je ne peux pas me permettre de glander, avec les examens qui approchent.

Il me dévisage d’un air incrédule avant de me basculer sous son corps et de s’installer entre mes cuisses. Et j’adore ça, sentir son érection contre mon ventre…

– Tu n’es qu’une sale petite allumeuse et tu mériterais que je te donne une bonne fessée !

– Bah, tu ne voudrais pas avoir mon échec scolaire sur la conscience ?

Il éclate de rire avant de m’embrasser sur le bout du nez.

– Sérieusement, tu ne peux pas rester au lit ? On a deux trois petites choses à régler, tous les deux…

– J’adorerais mais ça ne serait pas sérieux. Ce soir on baisera comme des lapins, je te le promets. Mais en attendant, faut que j’aille au Louvre !

Il soupire puis s’écarte pour me laisser passer.

– Je vais me branler alors, en attendant Henriette (NDLR : la gouvernante de Mark)…

Je pouffe de rire et me dirige vers la salle de bain. Une fois sous la douche, j’ai la surprise de voir Mark venir me rejoindre.

– Du coup, tu pars travailler ? je l’interroge en le regardant se savonner énergiquement.

– Ouais ! Je dois me documenter.

– Ah oui ? Sur quoi ?

– Mina, pendant quinze jours je n’ai strictement rien foutu. Et tout ça à cause de ma nana qui a soudain décidé de retourner vivre chez ses parents. Alors maintenant, si ça ne t’ennuie pas, je vais faire en sorte de rattraper mon retard.

– Je comprends.

Nous terminons de nous doucher puis nous habillons tout en parlant de choses et d’autres.

– Je te dépose ? En moto, tu y arriveras plus vite.

– Et ton petit-déj avec Henriette ?

– Prends ça comme ma contribution à ton succès scolaire…

J’éclate de rire avant de l’embrasser puis de lui murmurer « merci ! » au creux de l’oreille. Il sourit d’un air satisfait et nous quittons l’appartement.

Une fois arrivés, il se gare et je descends de la moto tout en bataillant avec l’attache de mon casque. Il m’aide à l’enlever puis met pied à terre, lui aussi, et se débarrasse de son propre casque. Je le vois les ranger tous les deux dans le top case et lui lance un regard interrogateur.

– Tu vas bosser au Louvre ?!

– Yep ! J’aimerais aller remercier mon pote prof qui m’a aidé à te remettre la main dessus. Ensuite j’irai faire un tour en bibliothèque où j’ai quelques recherches à mener.

– Mais tu ne paies pas Julian pour ça ? je lui demande très étonnée.

– Si. Mais comme nous avons rendez-vous pour déjeuner ensemble, toi et moi, autant rester sur place ce matin !

– Ah bon ?

– Je serai à 12H15 au Café Marly. Ne me fais pas attendre, m’ordonne-t-il sèchement.

Puis il me prend par le coude et m’accompagne jusqu’à l’entrée de l’École du Louvre. Je m’apprête à suivre le flot d’étudiants quand il m’enlace et me gratifie de l’un des baisers les plus longs et spectaculaires qu’il m’ait jamais été donné de recevoir ! Lorsqu’il me relâche enfin, j’en ai le souffle coupé et des étoiles plein les yeux…

– 12H15, Mina. À plus ! lance-t-il par-dessus son épaule en s’éloignant déjà.

Quelques personnes m’épient en rigolant et, rouge de confusion, je pénètre dans l’amphi. À la fin du cours, je suis tellement pressée de retrouver Mark que je compte parmi les premiers à s’élancer vers la sortie. Très impatiente, j’arrive au Café Marly avant lui et m’installe à une table, toute excitée. Lorsqu’il me rejoint enfin, je l’accueille en lui décochant un énorme sourire.

– Tu es à l’heure. C’est bien, me félicite-t-il d’un air satisfait.

– C’est que j’avais hâte de déjeuner avec le Maître, j’énonce en baissant modestement les yeux. C’est un énorme honneur que me fait le Maître de m’inviter à sa table. J’en ai bien conscience et lui en suis vraiment reconnaissante.

Il sourit, visiblement amusé, puis s’empare du menu. Je me penche pour me saisir du mien mais il pose brusquement sa main dessus. Comprenant le message, je décide de jouer le jeu et croise bien sagement les mains devant moi, tout en redressant le buste et en baissant la tête.

Au serveur venu prendre notre commande, il indique le plat qu’il a choisi pour nous deux.

– Je te donne maintenant la permission de me regarder, Mina.

Obéissante, je relève les yeux tout en m’efforçant de ne pas éclater de rire. Le personnage de soumise est tellement éloigné de mon caractère qu’il va m’être difficile de l’incarner jusqu’au bout !

– Alors, raconte-moi ce que tu as appris ce matin.

– Nous avons eu un cours sur la sculpture française du XVIIème siècle, Maître.

– Et qu’en as-tu retenu ?

– Qu’il faut attendre le retour en France de Jacques Sarazin puis des frères Anguier pour que la sculpture prenne un réel essor, je récite docilement. Et qu’à partir du règne de Louis XIV, on va beaucoup s’inspirer du baroque.

– C’est assez bien résumé. C’était avant tout un art religieux, vois-tu, ainsi qu’en témoignent les monuments mortuaires. Mais c’était aussi un art très « politique » qui glorifiait la monarchie, surtout après le choc de la Fronde. J’imagine qu’on vous a montré le fameux Monument du Pont-au-Change ?

– Oui Maître.

– Rappelle-moi le nom du sculpteur, déjà ?

Merde, j’ai un trou ! En même temps, je dois avouer que je n’ai que moyennement admiré ces statues, certes très belles mais froides et compassées. Je plisse le front en essayant de me souvenir du nom de l’artiste, puis baisse les yeux en signe d’ignorance.

– Simon Guillain, lâche-t-il d’un air contrarié. Tu n’étais pas très attentive ce matin. Je ne suis pas content de toi, Mina. Pas content du tout !

– Pardon Maître, je bredouille en feignant la plus grande contrition.

– Je crains qu’une punition ne soit indispensable.

Je m’apprête à protester quand il me rappelle à l’ordre, d’un ton cassant. Le couple assis à la table d’à côté nous observe avec embarras et ça m’amuse. Le serveur revient alors avec nos assiettes qu’il pose devant nous avant de nous souhaiter un bon appétit. J’attends patiemment que Mark m’autorise à commencer mais il prend ses couverts et attaque son saumon sans rien dire. Le regard furibond que je lui lance semble le ravir. Bien décidée à gagner la partie, je prends mon mal en patience. Rira bien qui rira le dernier !

– Puisque nous sommes au Café Marly, peux-tu me dire ce que t’évoque ce nom, Mina ?

– Le Château de Marly, Maître. Et ses jardins, bien sûr.

– Justement. Parle-moi des statues du jardin.

Non mais il compte m’interroger longtemps comme ça ? Parce que si j’avais su que Mark Sonderberg était un spécialiste de l’art du Grand Siècle, je ne me serais peut-être pas lancée dans ce petit jeu… Je plisse les yeux d’agacement et l’ombre d’un sourire plane sur ses lèvres.

– Il y en avait beaucoup, Maître…

– Je n’en doute pas ! convient-il ironique. Mais encore ?

– Les Chevaux de Marly sont désormais à Paris, Place de la Concorde. La plupart des autres statues célèbres sont exposées Cour Marly, au Louvre.

– Mais encore, Mina ? insiste-t-il d’un air légèrement menaçant.

– Il y avait des bosquets avec des statues de style rocaille. C’est du baroque… Comment dire ? Très virtuose… Sinon il y avait aussi beaucoup de copies d’antiques.

– Je suppose que tu fais référence aux Enfants à la Chèvre, c’est ça ?

– Oui ?… je confirme alors que je n’en ai strictement aucune idée.

– Oui ?…

– Oui Maître !

Mark repose ses couverts, me toise sévèrement puis s’adosse à sa chaise.

– C’est le Faune au Chevreau qui est une copie d’antique, pas les Enfants à la Chèvre qui ont été sculptés par Jacques Sarazin. Si tu fais montre d’autant de lacunes le jour de tes examens, tu vas tripler ton année ! Je suis déçu, Mina, vraiment très déçu. Donne-moi ta main droite !

Je le dévisage, incertaine, avant de m’exécuter. Avant même que je n’aie le temps de réaliser, il s’empare de mon couteau et du manche en frappe ma paume. Je sursaute, interloquée. Je n’ai absolument pas eu mal mais ce geste m’a prise par surprise. La femme à côté de nous lance une exclamation indignée pendant que son mari considère Mark d’un œil que je qualifierais… d’admiratif !

– Je suis désolée, Maître ! Je promets au Maître de mieux apprendre mes leçons à l’avenir.

Mark pousse un soupir irrité avant de se remettre à déjeuner. Il ne m’a toujours pas permis d’attaquer mon plat et franchement, je commence à avoir les crocs. Mon estomac se met à gargouiller et l’odeur du poisson me fait saliver. Quel salaud ! Je me promets de le lui faire payer cher à la première occasion. Un long moment s’écoule ainsi, dans le silence le plus absolu, Mark savourant son repas tandis que je dévore mon saumon… des yeux ! Et puis j’ai soif aussi…

– Maître, me permettez-vous de boire un petit peu ?

– Mais oui, bien sûr ! Où avais-je donc la tête ? répond-il en se penchant pour me tapoter la joue.

– Merci, Maître.

Je vide mon verre d’une seule traite et le serveur s’approche pour me le remplir à nouveau. Je lance un coup d’œil interrogateur à Mark qui acquiesce d’un bref hochement de tête. La femme à côté grommelle un « c’en est trop ! » scandalisé tandis que son époux cherche à la calmer. Avec un peu de chance, elle va finir par agresser Mark et je pourrai en profiter pour me jeter sur la bouffe…

– Que fais-tu cet après-midi, Mina ?

– J’avais pensé continuer à travailler. Si le Maître le permet bien sûr…

– Tu as des cours ou bien tu comptes aller en bibliothèque ?

– Je compte aller en bibliothèque, Maître.

– Dans ce cas, je préfère autant que tu viennes étudier à l’appartement. Tu y seras aussi bien et ça me permettra de mieux surveiller la qualité de ton travail. Comme visiblement je ne peux pas te faire confiance…

L’agitation de notre voisine monte encore d’un cran et elle apostrophe mon bourreau d’une voix belliqueuse.

– Comment osez-vous traiter cette pauvre fille de cette manière ? C’est honteux ! Nous sommes en France, Monsieur ! Pas dans je ne sais quel pays arriéré où les femmes n’ont pas leur mot à dire ! Ça fait vingt bonnes minutes que je vous observe et là je dis ça suffit !

– Ça suffit ? relève Mark en haussant un sourcil réprobateur. Mais Madame, je fais ce que je veux ! Et je parle à ma compagne comme je l’entends !

– Votre conduite est inqualifiable, Monsieur ! Vous lui parlez comme à une enfant ! Que dis-je une enfant ? Une demeurée, oui ! Vous lui imposez des sévices moyenâgeux, sans parler de la torture psychologique !

– Je t’en prie, mon amour, ne t’énerve pas ! chuchote son mari d’un air affligé en essayant de lui prendre la main.

– Ah lâche-moi, veux-tu ? lui crie-t-elle excédée. Tu n’as pas vu comment il la traitait ? Comme une moins que rien ! Ce mec est répugnant !

– Je ne vous donne pas le droit de me parler sur ce ton, Madame ! rétorque Mark avec hauteur.

– Vous ne me donnez pas le droit ?! s’étrangle-t-elle au comble de l’indignation. Mais savez-vous bien qui je suis, Monsieur ? Je suis Maître Geneviève Dumouriez, avocat au Barreau de Paris et spécialiste de la défense des femmes battues ! Des hommes comme vous, je les exècre, Monsieur. Je les vomis !

Elle invective Mark avec passion, sans se soucier des tentatives désespérées de son mari pour la calmer ni du mépris olympien que lui oppose mon sadique de petit copain. Tout autour de nous, les conversations se sont tues et j’aperçois, amusée, le serveur qui accourt vers notre table. Dans le feu de l’action, je tente de chaparder un morceau de pain mais Mark s’en aperçoit et m’en empêche d’une tape sur la main. Maître Dumouriez se lève alors, positivement outrée, et malgré les prières de son époux n’hésite plus à hurler ses imprécations. D’autres femmes l’encouragent à voix haute et je glousse de joie. Je devine que Mark s’amuse comme un fou, lui aussi, même s’il continue à jouer son rôle de tortionnaire misogyne à la perfection ! Le maître d’hôtel finit par nous demander de quitter les lieux, et Mark se lève avec toute la morgue dont il est capable. Sous les regards ébahis de tous, il me siffle et je le rejoins. Et c’est dans un concert de cris et d’injures que nous quittons les lieux.

Une fois dehors, nous éclatons de rire tous les deux et il m’attrape dans ses bras pour me faire tournoyer. Puis il me repose par terre et fond sur mes lèvres, qu’il embrasse avec ferveur. Je lui rends son baiser avant de méchamment mordre sa langue.

– Aïe ! s’écrie-t-il en s’écartant.

– Ça, c’est pour te punir de m’avoir affamée, espèce de salaud ! Putain mais je crève la dalle, moi ! J’ai rien mangé depuis hier soir, avec tes conneries ! Alors maintenant tu vas me chercher un sandwich. Et tout de suite ! je lui ordonne en lui donnant une bourrade.

– Oui Maîtresse ! Au poulet ou au thon, le sandwich ?

– À ce que tu veux mais tu fais fissa ! Et ensuite tu m’emmènes à la maison et tu me sautes. Allez ! Hop ! Hop ! Hop !

Et après lui avoir balancé deux trois tapes légères sur les fesses, je le pousse vers l’endroit où il a garé sa moto. Très belles d’ailleurs, les fesses de mon amant… Comme s’il devinait que je  suis en train de le mater, Mark se retourne et me lance un regard franchement amusé avant de me tendre mon casque.

2 commentaire sur “Quand l’art rencontre la romance…

    1. Et pourtant, mon éditrice de l’époque m’avait suggéré de le supprimer.
      Trop intello…
      Bref, ravie de t’avoir fait rire 😉
      Bises

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